Claude Bloch est un ancien déporté lyonnais, né le 1er novembre 1928. Il est venu au Collège Dargent le 10 mars 2017 pour témoigner de ce qu’il a vécu. Il nous a d’abord présenté le contexte, puis nous a raconté son expérience personnelle. Il nous a également parlé des souffrances qu’il a subies, en particulier après les premières lois anti-juives, dès juillet 1940, puis lors de sa déportation.
A partir de ce moment-là, les juifs doivent avoir un tampon spécial sur leurs cartes d’identité mais sa famille ne se déclare pas à la mairie. Il falsifie donc sa carte d’identité afin de ne pas être arrêté et dit s’appeler Claude Blachet. Sa famille s’éloigne du centre-ville par précaution mais cela n’empêche pas les Allemands de les retrouver et de les arrêter en juin 1944. Par chance, sa grand-mère a un rendez-vous chez le dentiste ce jour-là et échappe à l’arrestation. Malheureusement, comme il est en vacances scolaires et que sa mère est en congé maladie, ils sont à la maison avec son grand-père. Ils sont ensuite emmenés dans une cave de la Gestapo où son grand-père est tué. Claude Bloch et sa mère sont transportés à la prison Montluc. Le 20 juillet, ils sont appelés “avec bagages” ce qui veut dire qu’ils vont quitter la prison pour être transférés. Deux jours plus tard, ils sont emmenés dans la région parisienne, dans le camp de Drancy, lieu de transit avant la déportation. Il est placé dans le même bâtiment que sa mère.
Le 31 juillet, il retourne à la gare à Paris avec sa mère où ils montent dans des wagons à bestiaux, à destination d’Auschwitz-Birkenau. A leur arrivée, les femmes et enfants sont séparés des hommes. Sa mère le repousse brutalement du côté des hommes et c’est la dernière vision qu’il a d’elle. Il est déclaré “apte au travail” et est alors nettoyé. On lui fournit une tenue rayée bleue et grise et une paire de souliers. On lui tatoue un numéro sur l’avant-bras pour l’identifier. Il est ensuite dirigé vers Auschwitz II, un camp de travail, à 3 kilomètres.
Les journées se déroulaient de cette façon :
- 4h-4h30: appel relativement court avec petit-déjeuner sommaire soit un café pour 6 !
- à partir de 5h : ils partent travailler au chantier.
- le midi : un bol de bouillon composé quasiment que d’eau.
- le soir : ils rentrent au camp et ramènent les corps des morts pendant le travail.
- appel du soir : les SS tentaient par tous les moyens de les faire patienter debout pour les fatiguer.
- repas du soir: seule nourriture solide de la journée : une rondelle de pain noir!
Les dimanches, cela ne se déroulait pas de la même façon :
- l’appel du matin était plus long car ils ne travaillaient pas et les SS prenaient tout leur temps.
- ils assistaient parfois à des pendaisons.
- ils pouvaient marcher dans le camp mais n’avaient pas le droit de rentrer dans les bâtiments quelle que soit la météo.
En janvier 1945, il est transféré dans un autre camp de travail, après avoir traversé toute la Pologne en wagon plat. Là-bas, il travaille dans une usine. Quelques temps plus tard, Claude Bloch est emmené dans un petit port au bord de la Mer Baltique, avec les autres prisonniers, et ils montent dans des péniches accompagnés par les SS avant d’être transférés sur un cargo. Le 7 mai 1945 les SS ne portent plus d’armes, et le lendemain, plus de SS. L’Allemagne a capitulé. Deux jours après, ils sont retrouvés par des civils puis emmenés en Suède et soignés par la Croix Rouge suédoise. Il ne pèse plus que 30 kilos au lieu de 45 à son départ de Lyon. Ses muscles ont en partie fondus. Il est soigné pendant deux mois dans un institut.
Il envoie un télégramme à sa grand-mère pour la rassurer. Il arrive à Cherbourg le 20 juillet et, deux jours plus tard, il est enfin à Lyon. Il retrouve sa grand-mère et lui raconte son histoire. Ils sont seulement sept ou huit à être rentrés à Lyon.
L’ensemble des élèves présents étaient intéressés. Nous avons également pu poser des questions à la fin du témoignage. Nous avons pu revoir ce que nous avions déjà appris en cours d’année mais du point de vue de quelqu’un qui l’a vécu et c’est ce qui nous a plu.
Isaline S. et Justine M.H.
ça fait réfléchir
grave
Tu te dis qu’il avait à peu-près notre âge