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#3 Ces femmes qui marquent leur temps : Ada Lovelace et le premier programme informatique
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Ada Lovelace (1815-1852) : 

La vie d’Ada Lovelace fut très courte, ce qui ne l’empêcha pas de profondément révolutionner le milieu informatique.

Huile sur toile posée sur carton d’Ada Lovelace enfant. Portrait réalisé par Alfred d’Orsay en 1822, conservé au Somerville College d’Oxford.

Augusta Ada Byron naît le 10 décembre 1815 à Londres de l’alliance qui sera rompue un an plus tard entre Anne Isabella Milbanke, érudite surnommée “la princesse des parallélogrammes” et Lord Byron, célèbre poète de l’époque. Isabella, sa mère, l’éduque donc seule et de manière stricte, l’obligeant souvent à rester immobile sur de longues périodes car Ada éprouve une grande fascination pour le père alcoolique et violent qu’elle n’a jamais connu. De cette manière, Isabella espère qu’elle n’héritera pas de son caractère.

Etant elle-même passionnée de mathématiques, elle voue sa fille à cette discipline ainsi qu’à l’ingénierie. De cette façon, elle développe chez celle-ci un grand potentiel intellectuel : à 12 ans, la jeune fille réalise un traité sur les ailes des animaux, puis à 13, des croquis d’ailes qui seraient capables de faire voler l’humain grâce au même mécanisme qu’une locomotive, le tout accompagné d’un livre pour présenter le projet. Travailleuse acharnée, elle ne se préoccupe pas des préjugés de l’époque selon lesquels la femme n’a pas sa place dans les sciences.

En 1832, elle rencontre une éminente chercheuse, Mary Somerville, qui l’aide à progresser en mathématiques.

Portrait d’Ada Lovelace datant de 1836, peint par Margaret Sarah Carpenter.

Celle-ci lui fait rencontrer Charles Babbage l’année suivante, alors qu’Ada est âgée de 17 ans. Tout de suite, cet homme la fascine avec ses machines extraordinaires et tous deux deviennent très proches : Babbage travaille notamment sur la machine à différences et lors de leurs rencontres rue Dorset (Londres), il en profite pour parfaire son éducation scientifique.

Ada célèbre ses noces avec William King-Noel en 1835. Pendant 4 ans, la comtesse s’éloigne de sa passion pour les mathématiques en raison de sa santé fragile, mise à rude épreuve par les naissances successives de ses 3 enfants. Cependant, sur les conseils de Babbage, elle choisit de recommencer à étudier les mathématiques sous la tutelle d’Auguste De Morgan en 1839. Elle se révèle douée et particulièrement enthousiaste dans la matière. De plus, son mari, chose étonnante pour l’époque, la soutient sans retenue dans son projet.

Malgré des problèmes de santé persistants et notamment de régulières crises de nerfs (propension sûrement transmise par son père), elle décide d’offrir ses services à son ami, Babbage, qui travaille sur la

Programme de calcul des nombres de Bernoulli dans la note G d’Ada Lovelace réalisée en 1843

machine analytique.

En octobre 1842, paraît en français une description de la machine de Babbage réalisée par l’ingénieur Luigi Menabrea dans un journal scientifique suisse. Sur les conseils de son ami Charles Wheatstone, Ada se charge d’en faire la traduction en anglais pour le journal Scientific Memoirs. La traduction achevée neuf mois plus tard, elle présente son travail à Babbage qui lui suggère d’enrichir le mémoire avec des annotations plus précises.

En résulte un ouvrage trois fois plus gros que l’original qui fait entrer Ada dans l’histoire : en effet, la note labellisée G (les notes sont classées par ordre alphabétique de A à G) comporte le premier algorithme jamais créé. La comtesse de Lovelace vient de réaliser le premier programme capable d’être exécuté par une machine. Mieux encore, elle invente un principe fondamental du code : la boucle conditionnelle (qu’elle nomme elle-même bouclage) qui permet de répéter une action. De plus, Ada comprend une chose avec près d’un siècle d’avance : la machine peut être plus qu’une simple calculatrice et manier des symboles généraux comme s’il s’agissait de lettres, tout comme le fond nos microprocesseurs actuels.

“La machine pourrait composer de manière scientifique et élaborée des morceaux de musique de n’importe quelle longueur ou degré de complexité”

Malheureusement, l’avancée des travaux de Charles Babbage et d’Ada Lovelace sur la machine analytique est stoppée

Modèle d’essai du moteur analytique de Babbage, 1834-1871
Collection du groupe du Musée des sciences

net, faute d’argent. Le gouvernement britannique retire sa subvention pour les recherches de Babbage ce qui décide Ada à se lancer dans le pari équestre afin de récolter des fonds absolument nécessaires à la continuité des recherches. Elle invente même pour cela un programme logique sensé lui permettre de remporter tous ses paris. Cependant, celui-ci ne fonctionne pas et elle perd toute sa fortune dans le jeu.

Elle meurt à seulement 36 ans d’un cancer de l’utérus dans des douleurs atroces. Elle repose dans l’église Sainte-

Daguerréotype d’Ada Lovelace par Antoine Claudet.

Marie-Magdalene de Hucknall aux côtés de son père ainsi qu’elle l’avait souhaité.

Alan Turing s’inspira notamment de ses travaux pour travailler sur le premier ordinateur de l’histoire, l’ACE (Automatic Computing Engine).

Un langage de programmation nouvellement créé par le ministère de la défense états-uniens dans les années 80 porte son nom et les supercalculateurs du CNRS, certifiés par Windows, possèdent son portrait imprimé sur les certificats d’authenticité. Un astéroïde a même été nommé en son honneur : il s’agit de l’astéroïde (232923) Adalovelace. Plus récemment, deux étudiantes ont fondé la Ada Tech School à Paris, une école dédiée à l’informatique avec un apprentissage inclusif .

On considère que la comtesse de Lovelace fut la première personne à réaliser un véritable programme informatique.

Alors, ça vous en bouche un coin d’apprendre que votre bijou électronique fonctionne grâce à une femme ?

 

Guerin–Pavec Romain

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